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20 Jun

Burkina-Faso : Selon la CODER, la réconciliation nationale est un passage obligé. Tôt ou tard !

Publié par SAIDICUS LEBERGER  - Catégories :  #ACTUALITE

« Processus démocratique au Burkina Faso, de 1960 à nos jours : bilan, enjeux et perspectives ». C’est autour de ce thème principal, que la Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (CODER) a organisé, le samedi, 17 juin 2017 à Ouagadougou, un panel. Cette activité de réflexion qui a mobilisé, dans la salle de conférences du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC), plusieurs participants de toutes les franges sociales, a été animée par des spécialistes et figures bien connues de la vie publique burkinabè.

Selon le président de la CODER, Rasmané Ouédraogo, ce panel participe de la mise en œuvre de l’offre politique de la Coalition. Cette proposition comporte quatre axes, dont celui de la sauvegarde de la démocratie au Burkina, dit-il, avant d’ajouter que l’activité tient également au contexte. ‘’En effet, après ce que notre pays a vécu ces trois dernières années, et au moment même où nous sommes en train d’opérer le basculement vers la Vème République, un regard rétrospectif et une profonde rétrospection de notre processus démocratique sonnent comme une évidence.

Il s’agit pour nous, d’établir un bilan objectif, de tirer les leçons y relatives, d’identifier les défis, enjeux et menaces qui pèsent sur la démocratie, mais aussi de saisir les opportunités qui se présentent pour une consolidation du processus pour une promotion de la culture démocratique dans notre pays. Toute chose qui nous permet d’envisager l’avenir avec sérénité et espérance’’, a situé Rasmané Ouédraogo en guise de propos introductifs. A l’en croire, en créant ce cadre d’échanges, de réflexions et de partages sur la problématique de la consolidation de la démocratie au Burkina, la CODER a pour ambition de contribuer à l’édification d’une société plus juste, plus solidaire et plus prospère.

Pour cet exercice, la CODER politique a misé sur des avertis du sujet pour développer, chacun, un aspect en lien avec le thème central. Ainsi, Pr Albert Ouédraogo, enseignant de Littéraire orale africaine à l’Université, est intervenu sur ‘’les paramètres et les facteurs crisogènes, socio-politiques du Burkina et les leçons y relatives’’ ; le constitutionnaliste, Pr Abdoulaye Soma, a analysé ‘’les propositions susceptibles de contribuer à la consolidation du processus et la promotion de la culture démocratique au Burkina’’. Toujours au chapitre des panélistes et sous-thèmes, Dr Abdoul Karim Saïdou, enseignant d’Université, a jeté le regard sur ‘’tradition, enjeux du Code électoral et des élections sur la gouvernance politique, des principes et fondements de l’Etat de droit et la consolidation de la démocratie’’ tandis que Dr Djibrina Ouédraogo, enseignant-chercheur, a exploré ‘’les bien-fondés, l’opportunité, les innovations majeures, les points forts et les faiblesses de l’avant-projet de Constitution’’. La police des échanges a été, quant à elle, assurée par le juriste et politologue, Siaka Coulibaly, qui a, lui-même, fait également un développement sur ‘’les acquis, insuffisances et des enseignements du processus démocratiques au Burkina de 1960 à nos jours’’.

Le décor campé, le modérateur, Siaka Coulibaly a d’abord salué la pertinence de l’activité qui, selon lui, vise à consolider la démocratie au Burkina, à contribuer aux réflexions sur les pistes ou les solutions pour non seulement sortir d’une situation difficile, mais également imprimer une marche plus radieuse, plus performante au pays « afin d’en faire l’ilot de stabilité et de paix qu’il a longtemps été ».

« La démocratie n’est pas seulement le gouvernement de la majorité en écrasant la minorité »

Quelles réformes pour la promotion et la consolidation de la démocratie ? C’est l’interrogation principale autour de laquelle a gravité l’intervention du constitutionnaliste, Pr Abdoulaye Soma, ‘’porte-parole’’ des panélistes (c’est lui qui s’est adressé à la presse à la fin des communications). Il a introduit sa réflexion en développant les principes qui doivent, selon lui, animer toutes reformes dans la Constitution d’un Etat démocratique. Il s’agit du « conventionnalisme constitutionnel » et du « consensualisme institutionnel ».

En termes de réformes qu’il faut actuellement au Burkina, Pr Soma a suggéré celles qui promeuvent l’équilibre au niveau de la gouvernance ; l’équilibre en termes de région, de religion, d’ethnie, de coloration politique. « La démocratie n’est pas seulement le gouvernement de la majorité en écrasant la minorité », a-t-il estimé, précisant que l’opposition, par exemple, doit avoir le droit de participer à certaines institutions de la République. ‘’Il faut faire des reformes beaucoup plus profondes sur la transparence et la redevabilité pour sauvegarder les ressources financières et économiques de la République. Et de ce point de vue, il y a beaucoup de choses à réformer et les réformes déjà engagées paraissent insuffisantes. Il faut encore aller beaucoup plus en profondeur pour faire en sorte que l’argent du peuple ne serve que le peuple’’, a prôné Pr Abdoulaye Soma, par ailleurs président de la Société Burkinabè de Droit constitutionnel (SBDC).

« Peut-être que nous avons tort d’avoir eu raison tôt. Mais, il n’y a pas de solutions … »

« La CODER n’est pas seulement une opposition porteuse de justice, de paix et de réconciliation, elle est avant tout une opposition politique », a soutenu Rasmané Ouédraogo à l’issue des communications. Pour son président, la CODER a donc ouvert un chantier, dans l’espoir que d’autres acteurs apportent leur contribution pour la suite. Sur la réconciliation nationale à proprement dite, les responsables de la CODER sont sans ambages. ‘’ (…). Nous avons cru, et nous sommes toujours convaincus, qu’il n’y a pas de solution, il n’y a pas d’issue pour le Burkina-Faso sans la réconciliation. Quoiqu’on dise, tôt ou tard, on doit en arriver. Peut-être que nous avons tort d’avoir eu raison tôt. Mais, il n’y a pas de solutions, le pays a besoin de ses fils pour qu’on puisse gérer au mieux nos difficultés, nos défis qui sont devant nous » , a réitéré Rasmané Ouédraogo pour qui, « chaque jour perdu, chaque heure de retard…est préjudiciable pour la société, en matière de cohésion et de mobilisation des énergies pour l’œuvre d’édification nationale ».

Oumar L. Ouédraogo

Encadré :
Parmi les invités à ce panel, des responsables de partis politiques de la Majorité présidentielle. Ici, Aly Badra Ouédraogo, président du Rassemblement des patriotes pour le renouveau, RPR, donne son appréciation

Nous sommes, en tant que parti membre de la majorité, beaucoup plus porté sur le dialogue inter-partis. Il n’y a pas d’animosité, pas d’ennemité entre les partis politiques qui agissent sur la scène politique nationale. C’est pourquoi nous avons voulu, à travers cette participation, témoigner, une fois de plus, notre solidarité envers tous les partis politiques qui agissent au Burkina et inviter l’ensemble de nos militants aussi à cultiver le même esprit. Le Burkina-Faso demeure notre toit commun. C’est vrai qu’il peut y avoir des divergences politiques, qui nous divisent, mais nous devons toujours avoir à l’esprit que c’est seul dans l’union et la concertation que nous pouvons arriver à construire un Burkina où il va faire bon vivre pour tout le monde.

Les partis politiques également ont une mission, celle de participer à l’édification d’une nation forte et unifiée et nous pensons que pour des actions entrant dans le cadre de cette mission-là, nous ne pouvons pas briller par notre absence. C’est pour cela que nous sommes présents ici ce matin, pour accompagner l’initiative, qui est en réalité accompagner la démocratie burkinabè. C’est pour donner un autre son de cloche à tous ceux qui pensent que l’activité politique en elle-même porte les germes de la division. Que les gens puissent comprendre qu’en réalité, l’activité politique est noble, en ce sens qu’elle doit permettre l’édification d’une nation et sans union, il n’y a pas de nation prospère, forte.

C’est vrai que nous sommes-là, pas au nom de la majorité présidentielle, mais même au niveau de la majorité présidentielle, nous revendiquons, en tant que RPR, notre autonomie en terme de vision, en terme de mise en œuvre des stratégies pour accompagner la démocratie au Burkina-Faso. Et en tant qu’un parti qui a aussi pour cible, la jeunesse, notre présence doit interpeller l’ensemble des jeunes (que ce soient ceux qui sont en politique ou ceux qui sont apolitiques) afin qu’ils puissent comprendre qu’il est vrai, la politique est-là, mais le destin des jeunes, l’avenir des jeunes, se pose aujourd’hui également avec acuité. Et c’est dans l’union des jeunes que nous pouvons arriver effectivement à bousculer afin de prendre toute la place qui est la nôtre, pour que nous puissions définir de nouveaux schémas d’un Burkina meilleur, où il fait bon vivre, dans l’inclusion et avec la participation de tout le monde.

O.L. O
Lefaso.net

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