Burkina Faso : les grandes promesses de Roch Marc Christian Kaboré
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Une page de l’histoire du Burkina Faso se tourne. Après 27 ans de règne de Blaise Compaoré et une transition mouvementée de plus d’un an, le pays investit, mardi 29 décembre, son nouveau président. Lors de sa campagne, Roch Marc Christian Kaboré a promis d’incarner une rupture avec l’ancien régime.
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Institutions, santé, éducation, accès à l’eau et agriculture… Les grands chantiers de la nouvelle présidence, tels qu’elle les a chiffrés, coûteraient 7 086 milliards de francs CFA (10,8 milliards d’euros) sur un budget global de 9 976 milliards de francs CFA (15,2 milliards d’euros) sur cinq ans. Des dépenses que le gouvernement espère en majorité financer grâce au secteur privé, à la lutte contre la fraude et à l’aide internationale.
32 24 39 5 Lutte contre la fraude Partenaires techniques et financiers du BurkinaSecteur privé Emprunts obligataires
Partenaires techniques et financiers du Burkina
● financement: 24 %
Source : Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP)
- Le passage à une Ve République
C’est l’une des mesures les plus attendues par les Burkinabés : enterrer la IVe République née en 1991 par l’instauration d’une nouvelle Constitution. « Elle sera très probablement adoptée durant le premier semestre 2016 », indique Mathias Somé, membre du bureau exécutif national du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) et coordinateur du programme électoral de Roch Kaboré.
La nouvelle loi fondamentale prévoit de limiter les pouvoirs du chef de l’Etat au profit de ceux du Parlement et de supprimer le Sénat. Autre disposition phare : la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux, proposition déjà entérinée par le Conseil national de la transition (CNT).
- Priorité santé
Le président s’est engagé à « rendre accessible à tous des services de santé de qualité ». Un vaste chantier qui commencera par la normalisation des structures sanitaires burkinabées. Centres de santé, chirurgicaux et hospitaliers : en cinq ans, 401 établissements devraient être remis à niveau et 240 centres de santé et de promotion sociale construits.
La refonte est censée aller de paire avec le recrutement de médecins, d’attachés de santé, d’infirmiers, de sages-femmes et d’agents itinérants pour résorber les déficits actuels. Combien ? On l’ignore. Des comptoirs de recrutement seront créés dans chacune des treize régions du pays afin d’embaucher en priorité les personnes acceptant de travailler en zones rurales, là où le manque de médecins est le plus criant.
Pour que l’amélioration de la qualité des soins profite aux Burkinabés, encore faut-il qu’ils leur soient financièrement accessibles. L’accent devrait être mis sur la gratuité pour les femmes et les enfants de moins de cinq ans avec la création d’un « pacte national pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle et infantile et pour la promotion de la santé des adolescents ». En 2015, le taux de mortalité infantile au Burkina Faso restait l’un des plus élevés au monde avec 61 enfants décédés avant l’âge d’un an pour 1 000 naissances.
- Normaliser les écoles
« Notre première mesure sera de normaliser toutes les écoles sous paillotes pour que, lors de la prochaine rentrée scolaire, tous les élèves étudient dans de vraies salles de classe », rappelle Mathias Somé. La mesure concerne 3 600 classes dans le pays. L’exécutif vise, d’ici la fin du mandat de Roch Christian Kaboré, l’implantation d’une école dans chacun des 8 000 villages burkinabés. Dans certains, les classes comptent jusqu’à 120 enfants, alors que le seuil officiel est de 50 enfants par salle. La promesse, plus qu’ambitieuse sur le papier, s’accompagne d’une volonté d’accroître annuellement le personnel enseignant d’au moins 13 %.
En parallèle, Roch Christian Kaboré compte s’attaquer à l’analphabétisme, en rendant effective l’obligation d’aller à l’école jusqu’à seize ans et en organisant des cours du soir pour les travailleurs. Selon la Banque mondiale, seuls 28,7 % des jeunes Burkinabés savaient lire et écrire en 2010.
- Objectif « zéro corvée d’eau »
Près de 36 % des personnes vivant en milieu rural et 23 % des citadins burkinabés n’ont pas accès à de l’eau potable. « Dans cinq ans, il faut que personne n’ait à marcher plus de cinq minutes pour avoir accès à de l’eau potable », soutient Mathias Somé. Pour y parvenir, le nouveau pouvoir mise sur la construction de 4 000 kilomètres de réseaux d’adduction d’eau et de 30 réservoirs pour les villes ainsi que sur la réhabilitation de 2 500 forages dans les campagnes.
- Moderniser le secteur agricole
De 30 à 45 % du PIB burkinabé dépend encore des activités agricoles du pays. Roch Kaboré a promis de créer une banque dédiée aux financements des petites et moyennes entreprises, pour inciter les agriculteurs qui font de l’économie informelle à créer leur société.
« Il faut aussi que nous créions de la valeur ajoutée en transformant nous-mêmes nos produits », ajoute Mathias Somé. Quasiment inexistante au Burkina Faso, l’industrie de transformation pourrait se développer avec l’implantation d’au moins 500 unités de production à échelle industrielle, capables de traiter au minimum dix à vingt tonnes de produits par jour.
Education
● budget: 2 981,00 milliards de Francs CFA
Source : Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP)
Tout un programme que les Burkinabés suivront de près dans les prochains mois. Car si la situation politique s’est calmée, beaucoup de Ouagalais affirment avoir encore « un pied dehors », près à redescendre dans la rue au cas où les promesses électorales du nouveau président restaient sur le papier.
Source: lemonde.fr