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18 May

Togo : Kezita, fière femme rasta et reggae woman

Publié par SAIDICUS LEBERGER  - Catégories :  #CULTURE

Au Togo, l’artiste Kezita est surnommée « Ghetto girl » du nom d’un titre de son album « So real ». Ce surnom traduit non seulement sa singularité à embrasser la carrière reggae et la philosophie rasta parmi les nombreuses chanteuses que regorge son pays, mais reflète aussi un des préjugés collés aux rastas. Mais, elle assume sans regret son choix.

Comme l’apôtre Paul sur le chemin de Damas, dans la Bible,  Kezita a reçu l’appel qui a fait changer sa vision des choses.  Après s’être frottée aux divers mélanges musicaux, entre autres le Hip-hop, le blues ; et avoir été le chœur de certaines artistes dont sa sœur aînée Renya (qui fait du gospel), la chanteuse a finalement retrouvé son biotope: le reggae et la philosophie rasta.

Déclic et engagement

« C’est la foi des rasta en Jah qui m’a décidé à adopter leur philosophie. Ils ne sont pas très acceptés à cause de leur religion et de leur apparence alors qu’ils sont naturels. Aussi les clichés comme la ganja c’est pour les voyous et tout ce que la société me renvoyait depuis l’enfance sur les rasta n’étaient pas fondés. Car, avec le cours du temps j’ai compris qu’il faut les approcher pour les connaître et connaître leur choix; et je suis arrivée à cette conclusion qu’ils sont les seuls  à être dans ma vision des choses, même musicalement », justifie Kezita. Pour elle, sa dévotion au rastafarisme a une origine à la fois prophétique et religieuse. « Quand on parle de rastafari, on parle de Jésus Christ, on parle aussi de Marcus Garvey qui a prédit qu’il y aura un descendant du Christ qui est venu sous la forme d’Hailé Sélasié », souligne-t-elle.

Kezita (Source : page facebook Kezita)

Kézita arbore fièrement un look rasta. Mieux, elle assume son choix. Puisqu’elle a l’intime conviction que le Dieu des rastas dépasse toute considération humaine.  « Je me suis dit si je veux plaire à tout le monde, je risque de ne pas plaire à Jah qui m’a créée», précise l’artiste reggae sur le fond de sa motivation. « J’accepte d’être catégorisée comme une voyou si je peux plaire à Dieu. Parce que Jah est mon créateur », confie-t-elle. Et c’est cette appartenance sans faille à la communauté rasta qui constitue l’essence de sa vie, de ses inspirations et de son engagement. Puisque selon elle, le mouvement rasta  (qui, à ses yeux, est à la fois révolutionnaire et pacifique), est  un « mouvement de vérité ». « C’est l’esprit de vérité qui est à l’œuvre dans la musique reggae », explique l’artiste togolaise dont les inspirations musicales lui viennent du « vécu quotidien », comme l’histoire de la chanson « Ghetto girl ».

La seule femme artiste rasta et qui fait le reggae au Togo prônee une éducation, mieux une rééducation des couches sociales. « Il y a les maux comme la pauvreté, la famine, la guerre, le racisme qui sont toujours là et sur lesquels il faut conscientiser les gens ; éduquer et rééduquer les gens surtout la jeunesse actuelle », suggère Kezita qui étend son engagement au continent africain. « L’Afrique doit avancer(…) pour pouvoir affronter les ennemies que sont la famine, la maladie, la guerre ». A ce  titre, elle rappelle le discours d’Hailé Sélasié à l’Assemblée générale de l’ONU en 1963 et celui de Thomas Sankara en 1984.

Cependant, l’artiste est consciente de l’interprétation qui est faite par certains adeptes du rastafarisme dans son pays. Le mouvement semble miné par des divergences et des considérations diverses. « Je souhaite plus d’unité, plus de compréhension entre nous». Et partant, elle le souhaite à tous les peuples du monde. « On travaille pour la paix, pour l’unité. Peace and love, c’est pour dire amour et paix entre nous Africains et entre les peuples du monde entier ; parce que la seule chose qui nous lie c’est le sang. Il est de couleur rouge pour toutes les races », résume-t-elle.

Kezita (Source : page facebook Kezita)

Si Kezita vit intensément sa carrière musicale et sa philosophie rasta, elle le doit sans doute à l’élu de son cœur. Elle est heureuse qu’il arrive à la comprendre car, reconnaît-elle, ce n’est pas facile pour un homme d’épouser une femme musicienne.  Puisque selon la reggae woman, « La musique est un art qui prend du temps ».

Un parcours atypique

« Je voulais être pharmacienne mais la vie a fait changer le cours des choses », se rappelle-t-elle puisque le virus de la musique a pris le dessus. Elle va devenir plutôt une esthéticienne, à part sa profession d’artiste de la chanson. Entre 2002-2003, elle va évoluer dans le groupe hip-hop « South coast ». Puis deviendra choriste pour sa sœur Renya qui fait du gospel et organise chaque année l’évènement « Gospel vibrations » au Togo. Kezita va définitivement trouver ses marques en se « convertissant » au rastafarisme. Un choix qui n’a pas  déplu à ses parents. « J’ai la chance d’avoir les parents qui comprennent vite les choses et qui ne nous emprisonnent pas dans nos idées », reconnaît la chanteuse. Aussi  bénéficie-t-elle du soutien de sa sœur. « Elle m’a beaucoup soutenu pour mon premier album. Et cela continue », se réjouie Kezita.

La reggae woman garde la tête sur les épaules. Elle n’est pas emballée par les soutiens qui lui viennent de ses fans, de ses amis et de sa famille. Et c’est avec modestie qu’elle vit son ascension dans la sphère reggae togolaise. Et c’est pour cela également qu’elle  félicite le travail abattu par ses sœurs aînées, Yaya Lélé, Fifi Rafiatou, Finiki et bien d’autres femes artistes togolaises de la chanson. Cette reconnaissance révèle que l’artiste reggae n’est pas fermée sur son monde rasta. Elle est ouverte et projette faire des collaborations, « pourquoi pas avec Yaya Lélé, Elom 20ce », souhaite-t-elle.

Kezita  sait qu’elle doit continuer à se battre afin de porter plus loin son message de paix et d’amour entre les peuples comme Jah le veut. Ainsi, chaque 11 mai, date de la célébration de la disparition de Bob Marley elle participe à des scènes. Une manière pour elle de revendiquer l’héritage laissé par le king du reggae. Elle promet du spectacle à ses fans au cours du festival « Reggae time » qui se tient du 11 au 13 mai 2017 à Lomé.

By Anani Galley
thisisafrica.me

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