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07 Mar

Le Burkina Faso gagné par la vague djihadiste

Publié par SAIDICUS LEBERGER  - Catégories :  #ANALYSE

Jadis concentrées dans le nord du Mali, les attaques djihadistes se multiplient désormais dans le centre et le sud, jusqu’à la frontière avec le Burkina Faso. Le suspect est un groupe djihadiste nommé Ansarul Islam.

Ce 27 février 2017, le 25e Fespaco, le grand festival panafricain du cinéma qui attire des dizaines de milliers de cinéphiles, dont de nombreux étrangers, vient à peine d’ouvrir à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Fouilles, patrouilles, contrôles… Le festival se déroule sous haute sécurité sur fond de recrudescence d’actes terroristes. Cette nuit-là, à quelque 200 kilomètres au nord, dans la province du Soum, près de la frontière malienne, des jihadistes à moto attaquent simultanément deux commissariats dans les localités de Baraboulé et Tongomayel.

“Il n’y a pas eu de mort. Une femme de policier a été blessée”, déclare le haut commissaire du Soum, Mohamed Dah. A Tongomayel, les assaillants “ont emporté deux motos et en ont brûlé 16. Ils ont incendié le commissariat et ont accroché un écriteau en arabe” sur lequel figure le nom de Ansarul Islam. A Baraboulé, les jihadistes ont “emporté deux motos, en ont brûlé deux autres et ont criblé le commissariat de balles”, ajoute-t-il.

Le répit aura duré une semaine. Ce dimanche 5 mars, à l’aube, de l’autre côté de la frontière, il est 5 heures quand des individus à moto ouvrent le feu sur la base militaire de Boulikessi, au Mali. Incapables de répliquer dans l’obscurité, onze militaires sont abattus, cinq sont blessés. Des témoins font état d’une très forte puissance de feu de l’ennemi, qui contraint les militaires maliens à la “débandade”. Et quand la coordination des mouvements de l’Azawad et les hélicoptères français arrivent en renfort, il est trop tard. Partis avec les armes et les munitions abandonnées sur les lieux, les assaillants sont traqués par l’armée.
Selon les autorités, “l’attaque était menée par le groupe du jihadiste “Malaam” Ibrahim Dicko, qui dirige le mouvement terroriste Ansarul Islam”.


Ces attaques sont donc revendiquées par le même groupe, Ansarul Islam, qui avait tué 12 soldats dans la même région en décembre 2016. Cet attentat était le second visant l’armée depuis le début des actes jihadistes au premier trimestre 2015 – en octobre 2016, une première attaque avait fait six morts, quatre militaires et deux civils. C’était aussi l’attentat djihadiste le plus meurtrier de l’histoire contre l’armée burkinabè. Un véritable traumatisme national.

Le 1er janvier 2017, le groupe Ansarul Islam a assassiné l’un de ses anciens membres, un imam de la localité de Tongomayel. Ce vendredi 3 mars 2017, c’est un directeur d’école et un villageois du Soum qui ont été abattus par de présumés jihadistes à Kourfayel.

Qui est Ibrahim Malam Dicko, chef d’Ansarul Islam ?

C’est en décembre 2016 qu’apparaît le groupe Ansarul Islam, lorsque son chef, l’imam Ibrahim Malam Dicko, revendique l’attaque de Nassoumbou. Ses fidèles se déplacent régulièrement de part et d’autre de la frontière entre le Burkina et le Mali ; localités maliennes de Douna et Selba sont leurs bases arrières, mais ses combattants apparaissent aussi régulièrement dans la province de Soum, au Burkina.

Né vers 1970, Ibrahim Dicko est un Peul de nationalité burkinabée, originaire de la commune de Soboulé, dans le nord du pays, près de la frontière malienne. Arrêté par l’armée française fin 2013 au cours de l’opération Serval, il est remis aux Maliens, incarcéré à Bamako, puis libéré en 2015.

La branche burkinabée d’Ansar Dine ?

Ibrahim Dicko regagne ensuite Djibo, au Burkina Faso, où il fonde l’association islamique Al Irchad tout en distillant ses idées radicales à la mosquée et sur une radio locale. Une partie de ses fidèles se désolidarise rapidement, effrayée par son discours extrémiste, mais d’autres le suivent, formant un petit groupe armé qui prend le maquis dès décembre 2016.

Lié au prédicateur radical malien Hamadoun Koufa, Ibrahim Malam Dicko partagerait son ambition de récréer un grand royaume peul dans la région ; l’imam est également proche des combattants de l’ex-Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Celui qui se dit “commandeur des croyants” et “guide d’Ansarul Islam” pourrait donc être à la tête la branche burkinabée d’Ansar Dine.

Les renégats éliminés

Le 1er janvier, les hommes de Dicko mènent une expédition punitive contre deux anciens membres du groupe. Ayant pris leurs distances du groupe radicalisé, ils constituaient des informateurs potentiels auprès des autorités burkinabè. Le premier, un imam de Tangomayel, est abattu par des hommes armés en début de soirée. Selon nos confrères de RFI, il avait tenté de convaincre certains jeunes d’abandonner le groupe d’Ibrahim Dicko. Le second rénégat, lui, a été grièvement blessé. Depuis, le groupe menace de représailles contre tous ceux qui collaboreraient, contre eux, avec les forces de sécurité.

©TV5MONDE

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