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29 Nov

Burkina Faso : huit présidents, six coups d'État militaires

Publié par SAIDICUS LEBERGER  - Catégories :  #DOSSIERS

Présidents Haute Volta et Burkina Faso
Présidents Haute Volta et Burkina Faso

Maurice Yaméogo, Président de Haute-Volta (1960-1966)

Poussé à la démission par un coup d'État

Maurice Yaméogo naît le 31 décembre 1921 dans une famille paysanne. Il est élu Grand conseiller de l’Afrique occidentale française en 1957, puis ministre (Économie et Intérieur), avant de devenir président du Conseil supérieur de la Haute-Volta. Le 11 décembre 1959, il devient président de la nouvelle République de Haute-Volta et proclame l’indépendance du pays le 5 août 1960. Il a alors 38 ans. Six ans plus tard, les syndicats lancent une grève nationale pour protester contre des baisses de salaire et des coupes budgétaires. L’armée, menée par le lieutenant-colonel Aboubacar Sangoulé Lamizana, pousse Yaméogo à la démission et s’empare du pouvoir. Celui-ci décédera 27 ans plus tard, le 15 septembre 1993.

Maurice Yaméogo - Copyright : Archives Jeune Afrique

Maurice Yaméogo - Copyright : Archives Jeune Afrique

Aboubacar Sangoulé Lamizana, Président de Haute-Volta (1966-1980)

Renversé par un coup d'État

Né le 31 janvier 1916, Aboubacar Sangoulé Lamizana est intégré à vingt ans contre son gré dans l’armée française comme tirailleur. Il combat pendant la seconde guerre mondiale en Indochine et en Algérie, et gravit les échelons jusqu’au grade de lieutenant. À l’indépendance de la Haute-Volta, il est est nommé chef d’état-major général des forces armées en cours de constitution. Après la démission de Yaméogo, en 1966, il se saisit du pouvoir et fait adopter, dès 1970, une nouvelle Constitution qui donne beaucoup de pouvoir à l’armée. Dans un climat économique difficile, il instaure un régime à parti unique, ce qui aggrave le mécontentement populaire. Le 25 novembre 1980, Lamizana est renversé par un coup d’État mené par le colonel Saye Zerbo, qui devient le nouveau chef de l’État. Il décèdera le 26 mai 2005.

Aboubacar Sangoulé Lamizana

Aboubacar Sangoulé Lamizana

Saye Zerbo, Président de Haute-Volta (1980-1982)

Renversé par un coup d'État

Né en 1932, Saye Zerbo a étudié au Mali et au Sénégal avant d’entrer à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr. Parachutiste pour l’armée française au cours de la guerre d’Indochine puis de la Guerre d’Algérie, il rejoint l’armée voltaïque à l’indépendance, en 1960. Il dirige le service des renseignements, puis les forces armées présentes dans la capitale avant d’être nommé ministre des Affaires étrangères de 1974 à 1976. Il prend la tête du coup d’État qui renverse Lamizana et se saisit du pouvoir. Pas pour longtemps, car le 7 novembre 1982, il est lui-même renversé par un coup d’État mené par Jean-Baptiste Ouédraogo. Il décèdera le 19 septembre 2013 à Ouagadougou.

Saye Zerbo

Saye Zerbo

Jean-Baptiste Ouédraogo, Président de Haute-Volta (1982-1983)

Renversé par un coup d'État

Jean-Baptiste Ouédraogo est né le 30 juin 1942 à Kaya. Il étudie la médecine à Abidjan, puis à l’école de santé navale de Bordeaux et se spécialise dans la pédiatrie à Strasbourg. De 1976 à 1977, il est responsable du service de pédiatrie de l’hôpital Yalgado-Ouédraogo de Ouagadougou, avant d’être nommé médecin-chef de la clinique du nouveau camp militaire de la capitale. Il fait partie des militaires qui renversent Saye Zerbo le 7 novembre 1982. Ouédraogo exerce alors les fonctions de chef d’État à la tête du comité de salut du peuple, avec pour Premier ministre Thomas Sankara. Entré en conflit avec ce dernier, il le limoge en mai 1983. Sankara réplique, le 4 août de la même année, en organisant un coup d’État par lequel il prend le pouvoir. Encore en vie aujourd’hui, Jean-Baptiste Ouédraogo a joué le médiateur entre Blaise Compaoré et l’opposition burkinabè début 2014, et son nom a un moment circulé pour la présidence de la transition.

Jean-Baptiste Ouédraogo

Jean-Baptiste Ouédraogo

Thomas Sankara, Président de Haute-Volta / du Burkina Faso (1983-1987)

Assassiné au cours d'un coup d'État

Idole panafricaine, Thomas Sankara, né le 21 décembre 1949, a reçu une formation militaire au Cameroun puis à Madagascar, avant de devenir à 26 ans commandant du Centre national d’entraînement commando de Pô. Avec Blaise Compaoré, il fonde le Regroupement des officiers communistes (ROC). Il sera brièvement secrétaire d’État dans le gouvernement de Saye Zerbo, puis Premier ministre dans celui de Jean-Baptiste Ouédraogo. Le 4 août 1983, il mène un coup d’État et prend le pouvoir. Figure révolutionnaire et tiers-mondiste, il dénonce sans relâche l’impérialisme, s’illustre dans le Mouvement des non-alignés et fait changer le nom de la Haute-Volta en Burkina Faso, pour rompre avec le passé colonial français. Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné au cours d’un coup d’État dont Blaise Compaoré est soupçonné d’être l’organisateur.

Thomas Sankara

Thomas Sankara

Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso (1987-2014)

Poussé à la démission par un coup d'État

Blaise Compaoré est né le 3 février 1951 à Ziniaré. Frère d’armes de Thomas Sankara, il prend le pouvoir à la mort de ce dernier, en octobre 1987. Il organise par la suite des élections en 1991, que l’opposition boycotte, puis en 1998. En 2005, il est réélu à 80,35% des suffrages, l’opposition n’ayant pas réussi à s’unifier, et en 2010, avec 80,15% pour un mandat censé être le dernier. Mais dès 2011, son Parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) évoque la suppression de l'article 37 de la Constitution de 2000, qui limite à deux le nombre des mandats présidentiels. La modification de cet article aurait permis à Blaise Compaoré de se représenter en 2015. L’opposition se mobilise et des manifestations massives se tiennent dans plusieurs villes. Le 30 octobre 2014, jour du vote du projet de loi de modification constitutionnelle, des manifestants envahissent puis incendient l’Assemblée nationale. S’en suit une insurrection populaire. Le 31 octobre, Blaise Compaoré démissionne et se réfugie en Côte d’Ivoire, puis au Maroc. Désigné par l’armée, le lieutenant-colonel Isaac Zida prend le pouvoir.

Blaise Compaoré

Blaise Compaoré

Yacouba Isaac Zida, Chef d'État du Burkina Faso (2014-2014)

Cède le pouvoir à la société civile

Le lieutenant-colonel Isaac Zida est né le 16 novembre 1965 à Yako. Il parle couramment moré, dioula, français et anglais, et a une formation militaire très complète : académie militaire de Pô, expérience au Maroc, à Taiwan, au Canada, au Cameroun, en RDC, aux États-Unis… Il intègre à 30 ans le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) de Blaise Compaoré. Le 31 octobre, suite à la démission de ce dernier, il déclare assumer les responsabilités de chef de l’État du Burkina Faso. Sous la pression internationale, il déclare rapidement vouloir confier le pouvoir aux civils. Dans la nuit du 16 au 17 novembre, l’armée burkinabè et les représentant de la société civile désignent Michel Kafando comme chef de l’État intérimaire. Lequel le désignera bientôt Premier ministre de la transition...

Yacouba Isaac Zida

Yacouba Isaac Zida

Michel Kafando, Président de transition du Burkina Faso (2014- )

Au pouvoir

Michel Kafando est le tout premier chef de l’État burkinabè non issu de l’armée. Né le 18 août 1942, il a une licence de droit et un doctorat en sciences politiques. Il a exercé le métier de diplomate presque toute sa vie, notamment en tant que représentant de son pays aux Nations unies (1982-1983 puis 1998-2011). Il a également été ministre des Affaires étrangères dans plusieurs gouvernements avant la révolution sankariste. Il entre en fonction le 21 novembre et assumera les fonctions de chef de l’État burkinabè jusqu’à l’élection présidentielle de novembre 2015.

Source: Jeune Afrique

Par Elena Blum

Michel Kafando

Michel Kafando

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